WEIRD.

WEIRD. || 19.10.20 23:16

WEIRD

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Ses maux de têtes n'étaient pas réguliers, leur douleur n'était jamais de la même intensité.
Alan ne se souvenait pas en avoir eu sur Terre. Etaient-ils dus au voyage, aux conditions de vie sur Calypso ?

En sortant du laboratoire d'Ezrielle Slawn il s'empressa de quitter la Bordure pour consulter Dr. Giancana à ce sujet.
Au cours des dix minutes passées à traverser les dédales du Plateau des voix avaient discrètement sonnés dans sa tête, il n'avait pas réussi à les comprendre tout à fait, il paniquait.
Les quelques colons encore présents à cette heure tardive le regardaient presque courir, presque inquiets.

Les portes automatiques de l'hôpital s'ouvrirent à son arrivée. Il ne le remarqua pas pendant quelques secondes, puis il reprit ses esprits. Alan ne bougeait toujours pas, une femme était ancrée de l'autre côté de l'entrée. Elle portait un bandana noir sur ses yeux, sa peau était de la couleur d'une naine blanche.
Il entra alors au sein de l'établissement et s'arrêta à son niveau. Comment pouvait-on laisser une personne malvoyante se déplacer ainsi sans dispositif de vision ?

« Bonsoir... Je crois bien qu'il n'y a plus personne pour jouer à Colamaya. Ceci dit, les portes sont ouvertes, vous pouvez y aller »

Il lui tendit le bras pour l'aider à marcher. Aucune réaction de sa part, la partie de Colamaya battait son plein.

Re: WEIRD. || 20.10.20 0:24

Ft. Alan Hotz

Fin de journée, début de journée, nuit, jour ; ces moments ne se différenciaient plus l'un de l'autre depuis longtemps.
Siobhan vivait lorsque la majorité du reste de la cité était endormie, laissant un peu de répit à ses sens sur-développés tout en limitant ses interactions sociales. Depuis le décès de sa sœur, le silence, la solitude et l'obscurité étaient les seuls endroits où elle trouvait du repos, de toute manière.

Son rendez-vous médical s'était soldé par le même échec que les précédents ; l'état de sa mutation ne s'améliorait pas et il n'y avait, pour le moment, aucun espoir de rétablissement. Siobhan s'était faite à l'idée depuis bien longtemps, mais les médecins continuaient de s'acharner sur son cas pour une raison qui lui échappait. Peut-être espéraient-ils qu'avec sa guérison ils trouveraient une certaine forme de rédemption ? Ils pouvaient toujours courir pour que Siobhan leur donne, en tout cas.
Lorsque les portes devant lequel elle se trouvait s'ouvrirent, elle fronça le nez. Quelqu'un était présent à l'intérieur, elle pouvait le... sentir.
Il ne sentait pas particulièrement mauvais, ni particulièrement bon, comme tout le monde pourtant, comme d'habitude, la surprise la cloua sur place. Il n'était jamais agréable de se retrouver soudainement noyée dans l'odeur corporelle d'un étranger ; c'était comme plonger dans l'intimité de quelqu'un, son quotidien, ses émotions. C'était tout simplement beaucoup trop d'informations que Siobhan ne désirait recevoir.

L'inconnu lui adressa quelques mots. Comparés aux autres, il ne parlait pas aussi fort, mais c'était déjà suffisant pour qu'elle soit agacée. Elle allait lui répondre qu'elle savait pertinemment que les portes s'étaient ouvertes, puisqu'elle était aveugle mais pas sourde, lorsqu'elle commença à paniquer ; elle n'avait pas besoin de voir pour le sentir se rapprocher d'elle.

— Ne vous approchez pas de moi, marmonna-t-elle, dents et les poings toujours serrés.

Elle pouvait entendre son propre cœur battre à tout rompre dans sa poitrine. Elle recula de quelques pas, tentant de camoufler son angoisse, s'armant d'un rictus condescendant.

— Ai-je l'air d'être une dame de 80 ans pour que vous pensiez que j'ai besoin de votre aide pour marcher ? Ou peut-être pouvez-vous voir sous mon bandeau et avez perçu une lueur de détresse dans mon regard ?

Re: WEIRD. || 21.10.20 0:36

SIGHT

Ft. @Siobhán E. Atwood

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Être indépendant, autonome, quelles en étaient les limites ? Faire preuve d’autonomie veut aussi dire être capable de demander de l’aide au moment opportun. Toutefois lorsqu’on perd une partie intégrante de soi notre fierté s’accroit, au point d'en rejeter toute aide de notre entourage. Si tout se passe bien, quelques temps après, la personne ouvre finalement les yeux pour admirer le soutien indéfectible de ses proches.

Alan n’avait pas la moindre idée de ce qui se cachait sous cet événement des horizons. Néanmoins la voix légèrement tremblante de son interlocutrice lui laissait deviner qu’elle avait peur, honte.

Il savait pertinemment qu'il n'était pas adroit avec les mots, les sentiments. Toute son enfance et son adolescence avaient été berçées par des êtres inertes.
Impossible de compter sur une formule mathématique, sur une I.A, il devait prendre une décision, tout seul.
Ignorer l'handicap d'une personne était-ce un acte lâche ou respectueux ?

« La vue n’est pas le seul sens qui permet de sonder une personne, l’ouïe en est tout à fait capable.
Vous n'avez jamais vu cela lors de vos études ?
Voyez-vous, l'évolution a fait que le son peut nous guider, les vibrations peuvent nous avertir d'un danger.
Si vous le voulez on peut revoir ces notions autour d'un café. »

Un léger sourire se dessina sur son visage lorsqu’il s’apprêtait à rejoindre la salle d’attente.
Si des machines étaient en mesure d’observer l’environnement alors pourquoi des êtres vivants ne pourraient pas recouvrer la vue ?
Il continua son chemin tout en exprimant sereinement:

« Les choses finissent toujours par revenir, mais pas toujours de la manière que l'on croit. »

Re: WEIRD. || 22.10.20 5:35

Ft. Alan Hotz

Siobhan écouta l'inconnu lui répondre avec calme, visiblement pas le moins du monde touché par son sarcasme. Elle soupira, levant les yeux au ciel sous son bandeau ; c'était toujours bien plus simple lorsque les gens se contentaient de l'ignorer et poursuivaient leur chemin.

— Je suis bien au courant, c'est grâce à mon ouïe que j'évite de me prendre des murs... Sauf quand des imbéciles s'amusent à crier dans les couloirs, marmonna-t-elle.

Elle détestait cette partie de sa mutation. A vrai dire, elle les détestait toutes, sans exception. Son ouïe surdéveloppée aurait pu être un atout formidable, en particulier lorsqu'elle évoluait dans des milieux silencieux ; c'était grâce à elle qu'elle arrivait à se déplacer avec assez d'aisances dans les couloirs de la cité pour ne pas trop souffrir de son handicap visuel. Mais c'était cette dernière aussi qui rendait toute expédition en lieu publique extrêmement pénible ; son don lui était totalement inutile une fois plongée dans le brouaha commun à chaques sociétés.
L'étranger ne s'exprimait pas comme les autres. Il y avait dans sa voix quelque chose emprunt d'un calme peu commun, d'un détachement émotionnel dont elle n'avait que très rarement été témoin. Il n'avait pas réagit à son excès de colère. Ne semblait pas accablé de pitié pour son état. Il lui offrait un café et une porte ouverte vers des solutions que beaucoup de médecins n'avaient pas su lui suggérer. Elle tourna la tête vers la porte de sortie, puis à nouveau vers l'homme dont le parfum s'éloignait déjà d'elle. Siobhan soupira une nouvelle fois :

— Si la médecine actuelle n'a pas été capable de trouver une solution à mon problème, comment le pourriez-vous ? Vous êtes un sorte de magicien ?

Elle fit quelque pas en avant, se rapprochant de l'étranger et lui tendit une main.

— Siobhan Atwood.

Elle espérait sincèrement que sa main était dirigée vers l'étranger et non pas vers un mur.

Re: WEIRD. || 24.10.20 16:53

Ft. @Siobhán E. Atwood

« Vous êtes une sorte de magicien ? »

Cette phrase résonnait à plusieurs reprises à la surface de ses oreilles. C’était bien la première fois qu’on ne le traitait pas de technicien. Toute sa vie on l’avait vu comme tel, voire comme un robot. Alan n’avait jamais connu de réelles amitiés, on l’utilisait pour ses capacités intellectuelles tout au mieux. Les centres de recherche se l’achetaient et puis se le revendaient, en toute légalité, une fois que leurs travaux étaient terminés. Il n’avait pu se pencher sur des projets qui lui tenait à coeur, même pas celui de ses parents. Dès qu’Alan en parlait à ses supérieurs, ces derniers trouvaient toutes les excuses du monde pour le faire passer en arrière plan. Pourquoi donc ? N’était-ce pas un sujet d’avenir ? Peut-être pas pour un chercheur, un technicien comme d’autres le disent.

Cette description lui correspondait surement à la perfection. Un magicien aurait eu la capacité de rendre l’invisible visible, l’inexistant existant d'accomplir ses rêves, de sauver ses parents. Il avait tout perdu étant plus jeune. Sous ses yeux, la main tendue de cette femme, au début craintive, représentait l’espoir de devenir le magicien qui ferait tout ce qui est en son pouvoir afin d’apporter plus de sérénité et de stabilité à ces êtres doués d’émotions. Il s’accrocha à ce geste et à ces derniers mots bien qu’ils soient ironiques.

« Alan Hotz »

Il échangea une poignée de main avec Siobhán tout en la fixant du regard. Quelque chose lui disait qu’elle était en mesure de ressentir le poids du regard des gens porté sur son bandeau.

« Disons que je suis un moldu qui peut saupoudrer la médecine d'une pincée d’espoir. »

D’un geste fluide sur son I.N.C il planifia un rendez-vous qui aurait lieu dans trois jours puis le lui transféra. Au même moment le docteur @Polly Giancana lui fit signe d’entrer dans son cabinet.

« Ne vous laissez pas abattre, le monde rayonnera de nouveau. »

Il s'engouffrait progressivement dans la tanière du Doc’.

Re: WEIRD. ||